Mayotte : l’affaire des policiers dépaysée à la Réunion

24/03/2011 10:31

 

Jugée trop sensible, l’affaire des policiers de Mayotte, accusés de violences et de faux, ne sera pas instruite dans l’île Hippocampe, mais à la Réunion. La chambre criminelle de la cour de Cassation a décidé de dépayser le dossier.

Pour des questions de “bonne administration de la justice”, le procureur du tribunal supérieur d’appel de Mamoudzou, Marc Brisset-Foucault, a demandé que l’affaire des policiers de Mayotte, accusés de violences et de faux, soit traitée ailleurs qu’à Mayotte. “Nous vivons sur une petite île où tous les acteurs judiciaires se connaissent. Les raisons du dépaysement sont évidentes”, confie une source judiciaire. Fin février, deux policiers du commissariat de Mamoudzou ont été placés en détention provisoire. L’un est resté une semaine en prison et a été libéré sur décision de la chambre de l’instruction. L’autre est toujours incarcéré mais a été transféré du centre de détention de Majicavo à Mayotte au centre pénitentiaire de Domenjod. Ce fonctionnaire est soupçonné de violences sur des personnes en garde, dont un adolescent de 15 ans. Il est également reproché aux deux policiers d’avoir commis de faux procès-verbaux dans des procédures, sans doute pour maquiller les faits de violences. Cette enquête a été déclenchée en octobre dernier suite au suicide d’un détenu dans la prison de Majicavo. Les agents pénitentiaires avaient retrouvé une lettre du défunt dans laquelle il annonçait son geste. La lettre comprenait également un passage dans lequel il évoquait des violences commises par un policier en citant le prénom de celui. Selon le procureur de Mayotte, Philippe Faisandier, aucun élément ne prouve qu’il existe un lien direct entre les violences policières et le suicide du détenu. Le procureur avait demandé la saisie des CD-roms comprenant l’audition de défunt. Mais les CD-roms étaient vierges. Et les PV indiquaient que les enregistrements avaient été correctement réalisés. Des faux, aux yeux du parquet. Le procureur a demandé l’ouverture d’une information judiciaire pour savoir si ces pratiques étaient courantes de la part des policiers soupçonnés. L’enquête a été confiée à la fois à l’inspection générale de la police nationale mais aussi à la section de recherches de la gendarmerie de Saint-Denis. Après les premiers actes effectués par un magistrat de Mayotte, c’est désormais le juge d’instruction Jean-Pierre Niel qui est en charge de diriger les investigations.

J.T.

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